Sans trop vous faire une longue introduction, puisque l’article l’ai déjà, j’ai fait 10 interviews avec 10 experts du digital en Tunisie pour parler de tout et de n’importe quoi! mais surtout du métier du Community Manager, de son salaire, du futur du digital en Tunisie et d’autres trucs de Nerds. Alors si vous êtes Lazy et vous aimez les Shortcuts, je vous conseille de scruter cette infographie en dessous (qui donne une estimation sur le salaire que pourrait avoir un CM en Tunisie) et de regarder les tranches de vidéos de chacun des intervenants, ça vous résumera tout! Et si vous adorez la lecture.. Allez-y plongez!
Yssem Saadi: Regional Business Director chez UM
“Oui, le Community Manager est un vrai métier”, affirme Yssem, avec des opportunités d’évolution multiples, qui peut aller du poste de CM Junior (sans la moindre expérience) au poste de Directeur Social Media Senior. Evidemment, tout dépend de la taille et structure de l’agence.
“Malheureusement, il n’est pas aisé de trouver un bon profil quand on se décide de publier une offre d’emploi”. Je lui ai demandé pourquoi, il a répondu avec une phrase qui m’avait été resté à l’esprit: “Le Community Manager ne sait pas communiquer sur ce qu’il sait faire”. Et puis il a continué en disant, d’une façon générale, le chercheur d’emploi sait faire forcément des choses même s’il a “Zéro Expérience”. Mais quand on ne sait pas se vanter pour être repéré par les recruteurs, comment pourrait-on gérer une marque sur Internet et communiquer sur ses produits et/ou services? Cette personne ne va certainement pas être fichée en haut parmi les centaines de CV qu’on reçoit.
Bien entendu, on ne pourrait pas passer à l’étape suivante, à savoir l’interview, sans pour autant choisir ceux qui auront pu écrire les bons mots, les bonnes expressions et surtout sans aucune faute d’orthographe.
La question fatidique était celle de la fourchette salariale que doit recevoir un Community Manager en 2017, et sur laquelle le directeur North Africa chez UM était très ouvert et très explicite: Un CM débutant peut percevoir entre 600 et 900 Dinars. Mais en ce qui concerne les expérimentés, ça va au delà de 900 Dinars, et ça tout dépend, premièrement, du type de client avec lequel il/elle a travaillé, et deuxièmement, l’accomplissement qu’a fait le CM pendant ses dernières années d’expérience. Je m’explique: Une personne peut occuper le même poste pendant plusieurs années tout en faisant du progrès et accumuler de nouvelles connaissances qui lui permettrait d’être favorite par rapport un autre demandeur d’emploi qui, pendant les mêmes années, n’a pas réussi à aller de l’avant et relever les défis.
Yosra Ben Lassoued: CEO & Co- Founder at Naxos Advertising
Yosra n’est pas que CEO de son entreprise, elle est aussi l’auteur de la série vidéos Fazet الإشهار qui s’intéresse, comme son nom l’indique, au marketing et la publicité.. Bref, le “Culture Pub” tunisien si on puisse dire. Yosra avait son mot à dire et sa vision du Marketing Digital en Tunisie pour les années à venir: “Les annonceurs ont acquis une certaine maturité par rapport aux années précédantes. J’ai presque 10 ans d’expertise dans ce domaine, et je peux vous dire qu’il y a une évolution remarquable et une nette amélioration dans les budgets alloués au secteur du digital”. Puis, elle a continué en disant: “En fait, Il existe deux grandes catégories de clients, les leaders -ceux qui ont une stratégie et un gros budget pour le média Internet- et ceux qui rament derrière, ces clients là, ont de l’argent à dépenser, et ils sont conscients du pouvoir du Web 2.0 MAIS sont averses au risque et surtout, ils ont peur de se faire arnaquer par les agences”.
La patronne de Naxos avait une vision très optimiste lorsque je lui ai demandé si les budgets alloués à Internet pourrait dépasser ceux du Marketing traditionnel (Affichage urbain, spot télé/radio …etc): “Oui, certainement! ça va venir peut-être dans 10 ans, cependant, à l’heure actuelle, il faudra faire un gros effort du côté des spécialistes du domaine pour faire éveiller la conscience du digital auprès de leurs clients”
Revenons à nos CM et parlons un tout petit peu de ce qui qualifierait un bon Community Manager. Selon Yosra, ce dernier doit se doter de ces trois valeurs essentielles: Passionné, Up-to-date et bosseur!
Et pour sélectionner un bon profil pour rejoindre le Team Naxos, la gérante ne fait pas d’annonces sur les sites d’annonces, selon ses révélations. “Je publie mes offres d’emploi sur la page Facebook de Naxos en ciblant les fans et les non fans, sur LinkedIn et les groupes Facebook qui hébergent des CM en recherche de nouvelles opportunités. Pour moi, cette étape est déjà un critère de sélection. Si la personne que je recherche n’a pas été atteinte par ma publicité, cela veut dire qu’elle ne m’intéresse pas!
Et à partir du moment où le CV du candidat vous a plu, combien vous lui donneriez en terme de rémunération?
Entre 500 et 700 si vraiment le candidat n’a aucune expérience dans le domaine, puisqu’il va prendre de chez notre agence plus ce qu’il va donner en terme d’apprentissage.
Pour un expérimenté, et là tout dépend des années d’expertise et de ses skills, ça peut aller de 700 jusqu’à 1200 dinars. Et je vais vous dire une chose, personnellement, j’apprécie les CM Hybrides, ceux qui ont le profil du marketeur et au même temps, qui maîtrisent les outils techniques du designer (photoshop, illustrator, outils de montage.. etc), et non pas celui qui, soi-disant, surgit avec une idée créative mais dépendra d’un graphiste pour la concrétiser.
Med. Salah M’Barek: Social Media Consultant chez Radio Mosaique FM
La plupart de vous reconnaîtront sa voix, mais ceux qui sont mordus d’Internet, de technologies et de blogging en Tunisie, connaissent parfaitement ce gars aux cheveux frisés via son blog midoxthegeek.com. La conversation Skype avec Midox était fructueuse. Avoir l’avis de quelqu’un qui bosse dans un média classique pour parler du média concurrent, c’est assez intéressant.
Y-a-il encore des gens qui écoutent de la radio? Comment pourrait ce support survivre à la vague de la digitalisation? Voici le point de vue de Midox en vidéo:
Et il a continué “Pour l’instant, nous sommes que 5 millions d’internautes en Tunisie. Ce qui veut dire qu’il existe encore 6 millions d’habitants qui sont privés de connexion Internet. Ces gens là font partie de notre cible. Nous sommes convaincus qu’à chaque support de communication ses objectifs et ses caractéristiques, et persuadés qu’il faut, sans aucun doute, être sur Internet sans pour autant oublier ceux qui n’ont en pas”
En parlant de concurrence, Midox a souligné la distinction entre la concurrence inter-médias (radios, télés, presse écrite) et celle inter-agences. Entre médias, la diversification existe, mais pour eux l’enjeu le plus important est d’avoir une notoriété et une crédibilité absolu, parce que pour les annonceurs, ça ne va pas être possible de mettre son annonce sur un support qui n’est pas connu ou qui a une mauvaise réputation.
“Quant aux agences, je ne suis pas entrain de remarquer une évolution surprenante, au contraire, j’ai l’impression de visualiser presque les mêmes idées. Y’a vraiment pas d’innovation et on se souvient à peine de quelques campagnes folles en 2016.”
Est-ce la faute en quelque sorte des community managers qui sont en panne sèche d’inspiration? Un manque d’expérience? On ne le sait pas vraiment. D’ailleurs, ces questions nous mènent vers un autre volet à savoir le choix du bon CM.
“Je vais vous dire une chose, chez Mosaïque FM, et pendant ces deux dernières années, nous avons recruté 4 CM. Le paramètre primordial que nous avons utilisé pour choisir ces profils était leurs présences sur Internet: s’ils avaient des blogs ou pas, un compte LinkedIn ou non et on scrutait même leurs profils facebook pour savoir quels genres de personnes sont ces candidats.”
Pour Midox, le Community Manager idéal n’existe pas et il n’y a pas forcément de spécialité ou de niveau d’études pour devenir CM. Je me rappelle qu’avant, il n’y avait pas d’école ou d’université qui proposaient cette spécialité et on apprenait tout de la plus grande école du monde: Google.
Amira Athimni: Chef département Social Media chez Access
Il me faudrait peut-être un autre billet d’article pour énumérer les qualités d’Amira. Charismatique, talentueuse et rigoureuse, Amira est l’une des personnes rares qui sont entrain de faire évoluer le domaine du digital en Tunisie. J’ai eu la chance de collaborer avec elle pendant presque deux ans chez Access, et je lui dois énormément (malgré que parfois nous avions des opinions diamétralement opposées). Cette rencontre par Skype a fait surgir des souvenirs et des discussions autour du métier de CM et son importance dans l’organigramme d’une agence digitale. Voici le récap:
“Ce n’est pas un métier difficile, il faudrait tout simplement être créatif et inspiré!” Et elle a ajouté: “Les outils du CM ne sont pas complexes, je voulais insister sur la nécessité de maîtriser les langues surtout le français, le dialecte tunisien et l’anglais.”
Et j’ouvre une parenthèse qui n’a rien à voir avec l’interview pour parler du dialecte tunisien. Nous avons certainement remarqué que plusieurs pages Facebook tunisiennes s’expriment en français pour parler aux tunisiens alors que le fan tunisien est très réceptif au message en dialecte Tounsi et que le taux d’engagement avec les publications portant un message Tounsi est très important. Alors please, osez parler aux tunisiens en leur langue!
Sinon, passons à la question suivante: Qu’en est-il du client tunisien? est-il convaincu de bosser sa e-réputation?
“Alors, Je peux catégoriser les clients en 3 types. Il y a ceux qui font partie d’une enseigne internationale et obligés d’être présent sur Internet et de suivre les règles dictées par la filiale mère. Donc, à notre niveau, en tant qu’agence digitale, c’est une étape franchie et nous ne sommes pas obligés de faire le boulot de sensibilisation et donner des leçons du genre “le digital..c’est l’avenir. Vaut mieux vous prévenir!
Le 2ème type est celui qui lorsqu’il voit son concurrent sur Facebook, il veut absolument le copier pour s’aligner avec lui et ne pas lui laisser l’opportunité de prendre un avantage concurrentiel. Ce genre de client est généralement pas connaisseur du domaine, donc, pas facile à convaincre de mettre le paquet sur Internet.
Et le 3ème type sont les Start-Up qui viennent à peine de mettre les pieds dans l’eau et qui ne pourront pas s’offrir les services d’experts ou d’agences web pour travailler leur e-réputation, et ils se débrouilleront eux-même faute de budget.”
Et en parlant de clients, j’ai une question qui me taraude: Pourquoi nous nous contentons de bosser qu’avec les marchés francophones alors qu’il y a plein d’opportunités au moyen orient?
A vrai dire, nous nous sommes pas concernés par cette question puisque Access est présente à Alger et à Dubai et nous avons des clients de grand calibre que je pourrais pas citer. Cependant, j’ai une explication à ta question, au fait, le seul barrage qui nous empêchent de se rapprocher est le manque d’informations sur la culture du moyen orient, il faudrait vraiment vivre une petite expérience chez ces gens pour savoir leurs habitudes de consommation, leurs moyens de communication et même quelle genre de blague les fait rigoler… etc.
Rim Ben Youssef: Gérante et productrice chez ID Communication
Après avoir obtenu un Master en marketing et management Appliqués à l’université américaine de Californie à Riverside et un autre Master en business administration à l’école française de commerce à Lyon, Rim s’est forgée un caractère de femme entrepreneuse et a décidé de monter sa propre boîte. Et c’est en 2011 que fut baptisée ID Communication. Rim a choisi de bosser qu’avec des PME, et c’est là tout le secret de sa compote magique, elle a choisi la différenciation par rapport aux autres agences concurrentes. “Le seul souci avec les PME c’est qu’ils sont un peu réticents à l’idée de dépenser dans le digital puisque leurs budgets sont vraiment limités.” me dit Madame Ben Youssef.
Puis elle a continué: “Comme anecdote, je reçois presque tout le temps des demandes pour réaliser des campagnes de recrutement de fans sans aucune vision futuriste. Et généralement, je réponds par la négative à ce type de prestations si ce n’est pas dans le cadre d’un stratégie bien élaborée”.
–Et Vous ne risqueriez peut-être pas de perdre ce genre de clients en leur refusant une demande?
-Et bien, nous faisons un travail de conseil et de sensibilisation avant tout. Nous souhaiterions lever la barre très haut et non pas le contraire. Et je suis certaine que le client comprendra pourquoi nous lui avons refusé la demande. Il ne va pas l’assimiler tout de suite, mais il va certainement le comprendre un jour.
–Donc il peut partir pour la concurrence?
-Alors écoute, la concurrence est comme un grand océan, il y a des poissons sympathiques, des requins, des méduses, des étoiles de mer et plein d’autres créatures. Pour ma part, je suis entrain de bâtir des relations de longues durée avec les quelques clients que j’ai. Bien entendu, un ou deux vont certainement passer faire coucou à la concurrence et je suis très convaincue qu’ils reviendront parce qu’ils ne vont pas trouver le même caprice.
-Comment vois-tu le futur du digital en Tunisie Rim?
-Et bien, je suis très positive et je mets des “thumbs up” pour décrire le futur du digital. Nous sommes entrain d’évoluer très rapidement dans ce domaine et la chose qui nous manque est l’ouverture d’esprit des annonceurs et c’est un travail d’éducation qui doit être fait en amont par les agences. Et en évoquant le mot éducation, je rappelle qu’il est très important d’introduire le digital dans l’enseignement supérieur. En france, c’est une spécialité à part entière qui s’exerce depuis 2011.
(Lire aussi: FAUT-IL INTÉGRER LE COMMUNITY MANAGEMENT DANS L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR?)
Khaled Aouij: CEO Eolia Group
Architecte de formation, mais au lieu de construire des villas et des châteaux, il avait envie de construire des projets dans un domaine complètement différent de sa formation initiale: la publicité. Le dirigeant de prosdelacom, tuniscope et tunisie.co est devenu l’une des figures VIP dans le microcosme de la communication en Tunisie. Et ce n’est pas terminé encore, Aouji est aussi le chef d’orchestre des fameuses cérémonies “Pros d’or” qui a pour but de valoriser chaque année les pros de la communication et récompenser les plus belles campagnes.
M’entretenir avec Khaled était une opportunité d’avoir une lecture futuriste dans le domaine de la Com’ en Tunisie vu son expertise et sa totale maîtrise du marché.
La e-réputation, un des enjeux majeurs dans la stratégie des grandes enseignes, peut encore paraître un lexique pas compréhensible pour certains comme nous l’explique Monsieur Aouij dans cette vidéo:
C’est un peu bizarre et un peu grave quand même de s’apercevoir que les grosses sociétés ne donnent pas de la valeur à leur réputation sur Internet. Pourquoi autant de négligence? Est-ce de méfiance? de la peur? un manque d’expérience? Khaled nous explique le pourquoi du comment de la chose: “Les professionnels du secteur hôtelier, par exemple, ne trouvent pas de ressources humaines! Les community managers savent très bien gérer un marque de chocolat, yaourt ou de biscuit.. mais il leur manque de l’expertise et le savoir faire pour gérer une marque dans le secteur automobile, hôtelier ou autre. C’est ce qui vraiment empêche les directeurs de recruter un CM, et c’est ce qui les obligent carrément à mettre en “Stand by” leur stratégie digitale en attendant de repérer et recruter les bons profils pour le pôle Social Media.”
-Mais d’après-vous, qu’est-ce qu’un bon CM?
Et bien, pour moi, Un Community Manager est avant tout quelqu’un ouvert d’esprit, au courant de tout ce qui se passe dans le monde de la Com’ et surtout qui possède une folle envie d’apprendre. Personnellement, le côté technique ne signifie rien, on peut tout apprendre sur le tas, mais ça m’intéresserait de voir la personne faire des petites créations sympathiques en format vidéos ou photos sur son compte Instagram ou autre plateforme sociale.
-Et combien pourrait-il (ou elle) percevoir si vous en recrutez un (ou une)?
Pour une nouvelle recrue, nous lui proposerons un salaire de 500 dinars + le SIVP, et ça pourrait aller jusqu’à 650, voir 700 dinars si vraiment le background intellectuel de la personne est bien blindé même si ce dernier n’a aucune expérience professionnelle. Par la suite, tout dépend des années d’expérience, ça pourrait atteindre les 1300 dinars.
Manel Letaief Kanzari: Co-fondatrice de l’agence BEYOND PICTURES
Diplômée de l’une des prestigieuses écoles de gestion en Tunisie (ISG), Manel a vite pensé à bosser pour son propre compte. Passant par Reynolds, là où elle a forgé son cursus et caractère de commerçante en occupant le poste de Responsable Marketing, elle est maintenant Directrice de BEYOND PICTURES. Une agence hybride qui fait du Clever Consulting et qui combine entre la communication classique et le digital.
“Les mentalités sont entrain de se métamorphoser petit à petit chez les annonceurs, mais il y a encore de la réticence” Avoue Manel, en parlant de sa propre expérience avec ses clients, “Avant, les gros comptes comme les banques, ne voulaient pas approcher le digital puisqu’ils savaient très bien le clash qu’ils les attendaient sur Internet suite aux services qu’ils offrent. Maintenant, nous remarquons une légère amélioration mais le contenu qu’il diffusent sur sur les plateformes sociales n’est pas très créatif. Trop carré, comme une banque quoi!
D’autre part, je trouve que les TPE et PME font des efforts appréciables dans ce sens.”
Madame Kanzari était plutôt enthousiaste en ce concerne le futur du digital comme vous l’avez vu dans la vidéo, un enthousiasme qui l’amène à prendre une décision stratégique et d’ouvrir bientôt son propre département digital sans avoir recours à la sous-traitance comme elle nous le révèle.
Avez-vous une idée sur le nombre d’agences digitales qui existent à l’heure actuelle? Etes-vous prête pour la concurrence?
J’ai eu une mauvaise expérience avec un partenaire qui m’avait “poignardé dans le dos” en coupant court à notre partenariat et collaborer avec l’annonceur directement sur un projet lambda sans passer par notre agence. Sachant que c’est BEYOND PICTURES qui a eu l’idée de ce projet, notre seul inconvénient était le manque de ressources techniques pour le faire, et c’est la raison pour laquelle nous étions obligés de laisser l’aspect technique entre les mains des experts. Bref, cet incident m’a fait sortir du monde des bisounours et m’a appris d’être plus vigilante et agressive si je veux continuer à survivre.
Donc, un nouveau département digital, qui implique de nouveaux recrutements de CM.. Vous recherchez des profils bien déterminés?
Oui, j’aurais besoin de profils CM et pourquoi pas des digital planners. Et pour répondre à ta question, oui certainement, il y aurait trois éléments clés à prendre en considération: La passion, la curiosité et surtout connaisseur du comportement tunisien. Et je m’étale un peu plus sur ce dernier point pour souligner son importance, un bon CM sait comment parler aux tunisiens, se mettre dans leurs peaux et surtout, sait ce qu’ils veulent.
Ali Boulila: Co-founder et consultant digital chez KNSD
En 1998, à l’époque où la censure des sites Internet étranglait les Nerds et les adeptes de la toile, Ali avait décidé de continuer ses études de webmarketing en France et découvrir une nouvelle dimension du monde du 3W. Dès son retour en Tunisie, il a enchaîné le travail avec plusieurs agences là où il a acquis encore plus d’expérience. Boulila était réellement submergé par l’idée d’ouvrir sa propre boîte et très convaincu qu’il avait plusieurs facteurs clés de succès dans le monde du digital. Le 05 mai 2011, son rêve était devenu réalité, et l’agence KNSD (ex-Kanaseed) fut créée.
Sensée durer une demi heure, ma conversation avec Ali était ouverte et ça nous a pris une heure et quart! J’ai vraiment apprécié le bavardage avec lui malgré que nous n’étions pas d’accord sur quelques points et surtout “La juste valeur du Community Manager et le salaire qu’il mérite”. Voici son point de vue:
Et il a continué: “Aujourd’hui j’ai rencontré une personne qui est passionnée mais elle ne sait rien faire! Engager un candidat pour une période de test de 3 mois, et lui donner une rémunération pour l’apprendre?! ça n’a pas de sens de le payer plus de 600 dinars! Non seulement ce n’est pas du tout productif, mais en plus, je perds mon temps et mon argent pour son apprentissage.”
Le Co-founder de KNSD juge que c’est chronophage d’investir dans l’apprentissage des candidats qui ne veulent même pas investir en eux. Et c’est un avis totalement respectable et louable: “ Pratiquement à 90% des candidats, d’après ce que j’observe, considèrent ce poste comme un métier temporaire et ce n’est pas un métier d’avenir. Typiquement comme celui du conseiller client dans les centres d’appels, pour tout le respect que je dois à ce boulot”
“Réellement quand on a un business, c’est du calcul. Je n’ai pas besoin d’avoir 500 mille Community Managers dans mon agence, je préfère en avoir deux, hyper-organisés, qui peuvent se débrouiller seuls et gérer 3 ou 4 marques.. What Else? je ne demande que ça!”
- Alors dans ce sens, est-ce qu’il suffirait d’embaucher uniquement des CM “de bon calibre” pour survivre face à la concurrence, arracher de nouveaux clients et proposer de nouveaux concepts digitaux?
“C’est impossible, le Community Manager ne pourrait pas tout faire, c’est un travail d’équipe. Les idées incroyablement folles que nous avons parfaitement réussies émanait souvent du développeur, suivies par des retouches de l’Account Manager, une touche supplémentaire du CM puis l’approbation finale du Brand Manager.”
- Quelle serait la faute à ne pas commettre pendant un entretien d’embauche?
Chers lecteurs, pour répondre à cette question, voici pour vous, une partie Bonus de ma discussion avec Boulila en vidéo. Ecoutez-bien la réponse d’Ali:
Nizar Châari: CEO de Tunivisions:
Chroniqueur, présentateur télé et producteur, Châari sait parfaitement faire ce que la majorité des Sfaxiens font: Bosser, bosser, bosser!
Nizar a commencé dans le domaine du média en 1993 avec Radio Sfax, puis il est devenu le premier directeur de programmation chez la station Mosaique FM sans oublier sa participation dans plusieurs projets télé. Et ce n’est qu’en 2009 que fut baptisé l’empire Tunivisions.
“Nous étions parmi les premiers à lancer une page Facebook en 2008, et je me rappelait, à l’époque, nous assistions au salon e-Marketing en France, je me souvenais qu’un blogueur français lors d’un speech, en présentant quelques chiffres; faisait les éloges de la page Tunivisions qui possédait 29K Likes sur Facebook, tandis que Le Monde n’avait que 4K Likes, ELLE.. 4,5K, et Le Parisien ne possédait que 2,5K. Le blogueur s’est retourné au public en disant: Regardez les jeunes en Tunisie qu’est ce qu’ils font.. So Wake Up! Cette phrase m’a vraiment marqué l’esprit” disait Nizar.
“Mais aujourd’hui nous remarquons que Facebook a vraiment pris trop de temps dans la vie des tunisiens au point d’oublier carrément les autres plateformes. Du coup, trop de gens confondent entre le métier de Community Manager et un admin Facebook!”
– Alors comment vous faites pour embaucher un bon CM dans votre entreprise et d’éviter l’admin Facebook?
Chez Tunivisions, notre procédure d’embauche passe obligatoirement par une période de stage. Nous recrutons entre 30 et 35 stagiaires tout au long de l’année, avec un suivi personnalisé de ces recrus. Leurs intégrations au sein du l’équipe Tunivisions nous permet de détecter les bons profils par l’intermédiaire de la technique Learning by doing. En fin du compte, nous sélectionnons et engageons les meilleurs profils qui deviendront par la suite nos collaborateurs.
Alors pour revenir un peu en amont et éclaircir comment est faite la sélection des stagiaires, et bien, cela est le fruit l’incubateur Tunivisions qui héberge 50 clubs Tunivisions dans 50 universités en Tunisie. Ces clubs forment le point de relais entre l’entreprise et l’université qui nous aident à repérer les profils qu’on cherche.
– Alors une fois le bon profil CM repéré et embauché, combien pourrait-il percevoir?
– ça varie entre 700 et 1200 dinars. (Voir 1500 ça tout dépend la structure de l’agence)
– C’est votre dernier prix? Ce n’est pas peu pour un Community Manager?
– Ce n’est pas peu.. Parce qu’Il faudra le comparer avec les autres salaires des autres métiers du domaine. Un directeur Créa, par exemple, pourrait toucher 2000 dinars. Un Copy-Writer aurait un salaire de 1800 dinars, le salaire Community Manager forcément ne dépasserait pas les 1500 dinars.
Arbi Soussi: Spécialiste dans la communication digitale politique
Arbi est l’une des personnes à qui vraiment je dois énormément.. C’est celui qui m’a fait découvrir le domaine du Community Management. Avec plus de 16 ans d’expérience, Arbi Soussi est un vieux de la vieille (pas au sens propre bien sûr) dans le domaine du digital en Tunisie. Il a touché presque à toute les filières en rapport avec Internet: Content Management, référencement, SMO et SMM. Alors, théoriquement, si je continue à présenter le palmarès d’Arbi, je vais devoir écrire encore 10 autres pages.
Soussi s’est tourné depuis un moment vers la communication digitale politique, et à travers cette Interview, il nous explique succinctement ce que c’est.
– Pour commencer, la communication digitale politique, c’est quoi?
– Les principes du ciblage, du marché et les tous les fondamentaux du marketing digital qu’on connaît sont toujours les mêmes, sauf que le digital politique nécessite une connaissance inégalée en politique. Sans oublier que le produit à vanter est le politicien plutôt que le produit de consommation.
Dans cette vidéo, Arbi nous expose encore plus l’intérêt des politiciens à utiliser le segment du digital:
Le problème avec le politicien tunisien c’est qu’il veut toujours être présent que sur Facebook et ne pense pas à une stratégie multicanal, et c’est notre devoir, en tant qu’experts, de l’orienter et lui proposer de s’implanter aussi sur les autres plateformes et consacrer une ligne éditoriale sur mesure pour chacune d’entre elles.
Et est-ce que c’est le politicien qui vient à l’expert pour lui demander du conseil ou c’est l’expert qui offre ses services au politicien?
– Généralement, c’est l’homme politique qui vient demander de l’aide à l’expert. La conscience est de plus en plus éveillée pour travailler sa e-réputation. D’autre part, les politicien est obligé de la travailler, parce que s’il ne le fait pas, il aura une image souvent désagréable bâti sur des rumeurs et commentaires négatifs des gens haineux.
Et comment voyez-vous le futur du digital politique en Tunisie?
– Plus comme avant en tout cas! le paysage politique a trop évolué depuis la révolution, et si vous avez remarqué, les jeunes sont de plus en plus acteurs dans ce paysage, ce qui accélère l’utilisation de ces nouvelles technologies et moyens de communication contemporains. Personnellement, je suis tout à fait optimiste pour le futur du digital en général, pas que le politique, nous avons des gens très compétents et je suis conscient qu’on peut faire des miracles.
Conclusion et remerciements:
Chers lecteurs, j’espère que ce billet d’article n’était pas trop lassant et qu’il était au moins utile. Je remercie du fond du coeur les 10 intervenants qui ont accepté de partager avec nous leurs avis sur ce métier, et un petit coucou à ma femme -mon inspiration- de m’avoir supporté.
N’hésitez pas à poster vos critiques dans la partie commentaires.